Pâquerettes

Dans la grande vallée, juste en bas des montagnes, il y a des fleurs. Plein de fleurs. Les abeilles y viennent butiner le pollen. Elles s’en nourrissent et en feront du miel. Du bon miel des montagnes. Sucré. Il y a des enfants, qui dansent et se roulent dans l’herbe. Qui font de la musique avec deux bouts de bois. Il y a une rivière avec plein de poissons, de beaux, de petits poissons qui nagent dans l’eau et bon, c’est bon, ils sont partis, on peut parler, par contre, pas de ponctuation trop forte, pas de point d’exclamation, il ne faut pas attirer leur attention déjouer leur vigilance d’ailleurs on va mettre un point pour que tout cela reste normal. D’où que vienne le mot, on va les assassiner. Ceux qui tuent les paroles, les regards silencieux. On ne va pas les laisser faire. On va tous les assassiner avant qu’ils ne nous débusquent, avant d’entendre leurs chants de haine au cœur des villes. On les torturera en récitant des poèmes. En les embrassant, et, quand ils fondront en larmes, on leur dira mais non, mais non, allez, ce n’est rien, en leur arrachant la… chut ils re -et les fleurs, alors, s’épanouissent dans l’air frais. Les abeilles virevoltent pour rentrer à la ruche. Et la petite fille et le petit garçon se mettent à rire. D’un rire qu’ils n’oublieront jamais.

 

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