Guide de l’intimité numérique

Pourquoi protéger son intimité numérique ?

Deux remarques arrivent très fréquemment lorsque l’on commence à parler de la protection numérique des données concernant notre vie privée (data privacy en anglais) : « Je n’ai rien à cacher/ Je ne fais rien de mal » et « Qui s’intéresse à ma vie, je ne suis pas exceptionnel ».

1. « Je n’ai rien à cacher/ Je ne fais rien de mal »
Oui, moi non plus, sauf que. Sauf que je n’aimerai pas que n’importe qui puisse rentrer chez moi, s’installer dans ma chambre et m’observer sans que je le sache. Alors pourquoi l’accepter lors de nos usage numériques ? (surtout que, pour tout vous dire, je reste désormais bien plus longtemps éveillé devant un écran que dans ma chambre à coucher). Nous avons besoin de cette intimité, de ces moments et ces lieux de retrait et de solitude où l’on sait ne pas être observé, pour se sentir en sécurité, un des besoin fondamentaux des êtres humains.

2. « Qui s’intéresse à ma vie ? Je ne suis pas exceptionnel ».

Vous n’êtes pas, selon vous, exceptionnel, peut être, mais c’est justement cela qui intéresse les entreprises. Vos comportements, vos goûts vos actions particulières et somme toutes « banales », croisées avec celles de millions d’autres utilisateurs et utilisatrices, permettent d’améliorer des algorithmes qui, demain, déduiront des propositions ciblés, orientant vos choix et vos désirs. Vous connaissant « mieux que vous même » et limitant, petit à petit l’horizon de vos possibles.
Même si ces propositions peuvent nous convenir (ils sont faits pour ça), jusqu’où sommes nous prêt à renoncer à notre libre arbitre ? Un petit exemple : en fonction de ce que vous aimez, de vos interaction sur un réseau social, celui-ci va vous mettre en avant plutôt certains fils d’utilisateurs ou contenus que d’autres. Au final, ce que vous verrez sur votre réseau sera une « bulle » ne reflétant non pas la diversité des contenus, ou des points de vues présent sur ce réseau mais un ensemble de ce qui, d’après les données recueillies sur vous et traité par les algorithme) doit vous convenir, et donc vous faire rester plus longtemps sur ledit réseau. C’est la bataille de l’attention, or noir du XXIème siècle. C’est aussi le terrain de développement rêvé pour les rumeurs et autres Fake News puisqu’elles se basent sur un apriori positif de votre profil. (En clair, vous êtes déjà prêt, même inconsciemment, à croire un peu et donc à moins vérifier, ce que l’on vous propose). Liberté de choix et esprit critique sont finalement mis à mal par ces techniques.

Comment améliorer simplement la protection de son initimité numérique ?

10 outils à mettre en place pour protéger votre intimité dans vos usages numérique (du plus simple au plus technique -mais jamais hors de portée) . Tout le monde devrait aller au moins jusqu’au niveau 5 pour limiter grandement l’intrusion dans nos vies des acteurs numériques.

Règle de base : Préférez toujours utiliser des solutions « libres », souvent gratuites et « ouvertes » (opensource), c’est à dire dont le code de programmation peut être vérifié et corrigé par la communauté des utilisateurs. Quelques exemples parmi les plus connues : le client mail Thunderbird, le navigateur Firefox, le traitement de texte LibreOffice.

1. Utilisez un navigateur internet qui dispose de fonctions permettant de limiter l’usage des cookies et le traçage de votre navigation comme Firefox.

2. Dans les paramètres de votre navigateur, activez la fonction « Ne pas me pister »

3. Ajoutez à votre navigateur des extensions (modules complémentaires ou add-on, installable en un clic à partit du menu « Paramètres > modules complémentaire) permettant de filtrer et/ou bloquer les publicités et autres informations envoyées ou reçues sur votre usage :
– Un bloqueur de publicité comme AdBlock Origin
– Un bloqueur de « mouchards » tel que Ghostery

4. Utilisez un moteur de recherche qui n’enregistre ni ne transmet vos recherche à des tiers, comme startpage.com ou Qwant.com

5. Choisissez un service de mail qui ne scanne pas vos messages pour vous proposer ensuite de la publicité, même si ce service à un coût (environ 50 euros par an selon les services). Privilégiez un service qui crypte les messages de bout en bout pour éviter le piratage, comme par exemple le service protonmail.

6. Éviter d’utiliser vos comptes de réseaux sociaux pour vous connecter à d’autres services, préférez toujours une connexion avec votre adresse mail + mot de passe.

7. Masquer, par un petit autocollant noir, l’objectif de la webcam de votre ordinateur, surtout si vous ne vous vous en servez pas souvent.

8. Limiter au maximum les données disponible sur les « cloud » (anciennes photos, vieux documents…) préférez toujours des sauvegardes régulières sur un (ou deux) supports externes, de préférence rangés à deux endroits différents

9. Lorsque vous surfez sur les réseaux, utilisez un VPN (Virtual Private Network) qui anonymise vos navigation. Ce service est généralement payant, mais certains navigateurs comme Opera le propose en fonction gratuite)

10. Pour votre ordinateur comme pour votre mobile (plus dur) préférez un système d’exploitation opensource comme Linux à une solution propriétaire. Ubuntu est par exemple une solution accèssible au grand public, facilement installable, même à côté d’un système comme Windows 10. Sur mobile, vous pouvez installez un système alternatif à Androïd, (appelé ROM) comme le projet français /e/, centré sur le respect de nos vies privées.

5 règles basiques de comportement sur les réseaux
– Ayez plusieurs adresses mail selon vos sphères d’activité (famille et amis, professionnel, nesletter et inscritpion à des sites)
– et surtout : faites preuve de bon sens lors de vos usages , comme aux échecs, ou une « pièce touchée doit être jouée », une information divulgée sur le réseau -texte, opinion, photo…- est, a rpiori, enregistrée et possiblement partagé en quelques secondes.

Pour en savoir plus

Pour creuser le sujet, nous vous conseillons :

– Un livre : Surveillance ://, les libertés au défi du numérique, comprendre et agir. par Tristan Nitot, C&F éditions, 2016. Version en ligne : https://standblog.org/blog/pages/Surveillance

– Un documentaire : « Rien à cacher » https://vimeo.com/193515863