L’émotion

Transport en commun. Habitude triste. Mais je viens de lire un passage. Un passage sur le soi, sur sa prise de conscience. Sur ce qui est là depuis l’enfance mais attend l’heure du murmure. Je descends de la rame. Quelques notes me saisissent, ce n’est pas comme hier. Une lente mélodie qui fait danser la brume, le matin, sur le grand jardin. Je m’approche pour regarder la pochette du CD vendu par le musicien, joueur de hautbois aidé d’une boite à rythme. Je vois Schubert. Ça doit être ça. Je presse le pas pour prendre l’escalator. Arrive en haut du couloir de correspondance. Reste interdit. La musique me transperce. Je sens l’énergie circuler en moi, ces petits picotements qui remontent des jambes. Je fais demi-tour. Hésite encore un peu. Je suis presque en retard. Dévale les escaliers et retourne le voir. Il finit juste le morceau. – Bonjour, quelle est cette musique ? – L’Ave Maria de Giulio Caccini. Il n’est pas très connu. Mais quand je le jouait, en Ukraine, les gens sortaient les larmes aux yeux.

Il s’appelle Oleg Yugan. Je le remercie. Il sourit en reprenant son hautbois. Je repars. Changé.

 

 

 

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