Bizarre l’écriture. Bizarre la manière qu’a le poème de toujours devancer. En octobre dernier, j’écrivais que les formes courtes avaient pratiquement disparues de ma poésie au bénéfice de la prose. Comme piquées au vif, ces poèmes libres sont revenus au centre du jeu comme une horde de chiens fous.

Publier sur le net. À première vue, vue de l’extérieur, c’est presque mécanique. Écrire, chaque jour, un poème. Et maintenant le traduire, le photographier, le diffuser. Bientôt le dire, le jouer, en faire un objet. Jouer. Avec soin. Optimisation linéaire des procédés techniques pour se concentrer sur le rythme. Sur les mots à faire danser ensemble. Qu’ils nous entrainent dans cet autre facette du réel découverte avec eux. Parole d’une parole. Comme un livre d’Edmond Jabès.

Bizarre comme le poème est au centre. De ma vie. Plus qu’un travail. Une respiration qui manque, qui me manque, lorsqu’elle se coupe. Je mets toujours du temps à m’en apercevoir. Toujours quelques jours durant lesquels l’angoisse monte. Le temps de sentir l’asphyxie. De me demander pourquoi ça ne va pas, pourquoi ça stagne. Pourquoi ça meurt. Pourquoi cet acte minuscule qu’est l’écriture du poème est un battement de mon cœur.

Bizarre, comme depuis quelques jours, tout a pris place. Tout s’équilibre, se dynamise. Comme si tout venait servir la cohérence du poème. Renforcer son énergie. Confirmer, pour moi, son importance première. La police de caractère, le rouge du titre, le noir du texte, les moirures de l’écran. Tout y participe. Tout s’électrise.

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