UPPLR #9 : Solitude Europe, par Sébastien Fevry

Littoral

Difficile de dire où finissait le camp et où commençait la dune

Même le sable avait été rendu à lui-même
Les oiseaux dispersés

Et l’eau qui avait débordé des bidons
Transportée de tente en tente
Cette eau avait été absorbée elle aussi par le sable retourné

Le long de la mer
Il ne reste que des amoncellements d’objets disparates

Pas même une silhouette qui viendrait lancer ses filets
Et arpenter la grève

C’est peut-être cela le pire
Le silence qui vient à l’heure des marées.

Sébastien Fevry
Solitude Europe, Cheyne, 112 p., 19 €.

Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :

Des réunions interminables en entreprise, des manifestations place de la République, une Europe qui semble se diluer comme une dune sous la mer. Mais aussi l’été, les pique-niques, les souvenirs d’enfance, telle cette petite fille qui aimait MacGyver, le héros de la série télévisée. Tous ces moments simples qui participent aussi à signer notre époque à l’encre de l’intime. Sébastien Fevry, poète belge né en 1976, vient de recevoir le prix Apollinaire Découverte 2019 pour son premier recueil intitulé Solitude Europe. Une poésie pour rehausser nos jours avec la matière même de nos banalités. Un garde-fou pour ne pas se retrouver comme ce cadre débordé dépeint dans le poème Burn out, « confondant l’effervescence d’une fin d’après-midi / Avec un rêve d’absolu ».

Stéphane Bataillon (@sbataillon)

Retrouvez ce poème dans le n°9 de La Croix L’Hebdo, en kiosques cette semaine et sur le blog de poésie contemporaine de La Croix.

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