Un poème pour la route #32 : Un lieu, loin, ici, d’Antoine Emaz

un sol
laissé par l’eau basse
mouillé tassé serré
sous le pas

jusqu’au fond de l’air
un long chemin de sable plat

on ne peut pas se perdre
seulement aller
ou revenir
mais loin
longtemps

avec le vent les vagues
les traces s’effacent
vite

désunis ou pas
les pas

Antoine Emaz, Personne, Éditions Unes, 64 p., 16 €. (Sortie le 5 juin).

Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :

« La poésie ne soigne rien, mais elle peut ouvrir sur une forme de communauté ou de partage (…) juste un écart, et de l’air un peu plus frais qui rentre. » Décédé l’année dernière, Antoine Emaz fut un passeur exigeant et discret de poésie. Professeur agrégé, tenant à rester enseigner au collège et au lycée pour transmettre sa passion, il a beaucoup écrit sur les autres poètes, marqué par les œuvres de Pierre Reverdy et d’André du Bouchet. Au fil d’une soixantaine de recueils publiés, sa poésie à lui dit la fragilité de l’écriture et de la vie, ses douleurs, son attention extrême aux mouvements du monde, de soi et de sa solitude. Ce livre posthume rassemble plusieurs textes des dernières années, sortis en éditions limitées. Une belle manière d’entrer, à bas bruits, dans son univers.

Stéphane Bataillon

Retrouvez ce poème dans La Croix L’Hebdo du 16/17 mai 2020, en kiosques et en numérique.

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