UPPLR #007 : La nuit respire, par Jean-Pierre Siméon

Apprenti du silence

Assieds-toi mon garçon
assieds-toi un instant
près du silence

Tu seras un instant
comme un arbre tenté
par l’aube
inquiet
nu
mais fort
de la force des pierres
obstinées

Jean-Pierre Siméon

Ce qui surprend d’abord, dans ce petit recueil, c’est sa forme. La couverture bleu nuit, constellé de taches blanches figurant la voie lactée, offre un bel écrin à cette nouvelle édition de La nuit respire, du poète Jean-Pierre Siméon. S’il est édité dans la collection « Poèmes pour grandir », de Cheyne éditeur, il serait néanmoins dommage d’en déduire pour autant qu’il est exclusivement destiné au jeune public. A travers ce recueil magnifiquement illustré par le peintre Yann Bagot, Jean-Pierre Simon entraîne qui veut bien se laisser faire à aller au-delà du visible. Et à poser un regard neuf sur celui qui, même s’il « parle au vent / aux murs aux rues aux lampadaires » ne saurait être fou, puisqu’il est un poète. Ou sur cette malle du grenier, un « coffre à lumière » « plein de soleils et de lunes / et du butin des ombres ».

Car, comme l’écrit joliment Siméon en ouvrant ce recueil, « la poésie, c’est comme les lunettes ». « C’est pour mieux voir. Parce que nos yeux ne savent plus, ils sont fatigués, usés. Croyez-moi, tous ces gens autour de vous, ils ont les yeux ouverts et pourtant petit à petit, sans s’en rendre compte, ils deviennent aveugle. »

La nuit respire, Ill. par Yann Bagot, Cheyne Ed., 48 pages, 15 euros


Loup Besmond de Senneville