(tsurizao no / ito ni sawaru ya / natsu no tsuki)
La lune d’été
vient toucher le fil
de la canne à pêche
*
(fuite mite / kaze no maketaru / botan kana)
Léger souffle d’air
Le vent fait reddition
devant la pivoine
*
(kaketaranu / onnagokoro ya / doyôboshi)
On n’aère jamais
assez tous ses kimonos
et son coeur de femme
*
(in yô wo / hito ha no uchi ni / hotaru kana)
Lumière et nuit
sur une même feuille
La luciole
Chiyo-Ni
Une femme éprise de poésie. Haïkus traduits et présentés par Grace Keiko et Monique Leroux Serres. Pippa, 106 p., 16 €
Trois vers, 17 pieds et du silence autour. Tel est le haïku. Une forme brève de poésie venue du Japon, qui saisit et condense, en quelques mots choisis, une scène observée, une sensation, un trait d’esprit avec une intensité inversement proportionnelle à sa longueur. Le haïku moderne est apparu au XVIIe siècle dans l’œuvre du poète Matsuo Basho (1644-1694), qui fonda une école de poésie pour transmettre son art. Une poétesse, Chiyo-Ni (1703-1775) élève de Shiko, l’un des disciples du maître, marqua cette forme de son style, assumant sa féminité dans un monde littéraire très masculin. Reconnue pour ses haïkus comme pour sa calligraphie et ses dessins, elle ne s’enferma dans aucune école particulière, voyageant seule dans le Japon de son époque, pour aller à la rencontre de toutes les classes sociales. Encore aujourd’hui, ses poèmes sont récités par les écoliers du pays.
Stéphane Bataillon
La Croix L’Hebdo vous propose de passer cet été en haïkus grâce à l’exploration du riche catalogue des éditions Pippa. Cette maison d’édition indépendante, entièrement dédiée à cette forme brève de poésie, fêtera en janvier ses 20 ans avec plus de 200 titres à découvrir : recueils, essais ou anthologies. pippa.fr
(Article initialement paru dans La Croix l’hebdo n°291 du 11 juillet 2025)