UPPLR #187 : Ce que disent peut-être les mains, par Yves Namur

Ce que dit une main

Seule
Une autre main peut l’entendre,

Fût-elle loin des corps
Et des gestes quotidiens.

Seules
Les mains savent aussi
Ce qu’il en coûte de vivre

Avec l’absence

Et le désir.

Yves Namur

La Nuit amère, Arfuyen, 128 p., 14 €

Grande voix de la poésie belge, secrétaire perpétuel de l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, Yves Namur, né en 1952, est l’auteur de plus de 40 ouvrages. Directeur des éditions Taillis Pré et du Journal des poètes, belle revue créée en 1931 par Maurice Carême et Norge, il édite désormais ses recueils aux éditions Arfuyen, connues pour leur soin apporté à une poésie valorisant la mise en parole de la transcendance. Avec La Nuit amère, il propose dix suites de poèmes brefs, usant des verbes à l’infinitif qui mobilisent nos cinq sens (parler, voir, toucher, sentir…) et des répétitions pour témoigner des traces que nos vies, et leurs doutes, laissent dans notre sillage, dans la résonance des mots prononcés à celles et ceux que l’on a croisés, rencontrés et aimés, pour tenter de comprendre. « Ô traces, traces // Que dites-vous aux pierres / Et que disiez-vous hier au vent, // Au désert / Et à l’absurde ? » Des poèmes pour rendre la mort prisonnière et laisser la lumière rayonner tout autour. Hors de nos nuits inconsolables.

Stéphane Bataillon
(Initialement paru dans La Croix l’hebdo n°187)