Stéphane Bataillon

Poésie intérieure

  • L’éclat

    Recourir doucement à ces notes suivantes Répéter sans paroles ces rythmes apprivoisés Jusqu’à briser la lune pour qu’une goutte de sang vienne rehausser les cris en plein cœur des sillages.

  • Tout suspendre pour lire ces mots si proches surgis par collusion jusqu’au profond du cœur Comme un ami qui nous apporterait.

  • Une couleur

    Il n’y a pas de craintes cachées sous ces mots là Pas de monstres tapis dans l’ombres de ces lettres Et aucun point final dans ces ponctuations Il y a juste le bleu qui inonde ma peine

  • Rappel

    L’eau de la grotte tinte autant de fois que nécessaire Jusqu’à l’état d’enfance

  • Une fois n’est pas coutume, un petit article de promotion familiale pour vous annoncer la sortie du magnifique premier album de mon frère Christophe aux éditions P’tit Glénat : Nos cousins les dinosaures. Comme j’en vois déjà au fond de la salle qui remettent en cause ma légendaire objectivité, nous nous contenterons de citer l’article…

  • Avance

    Un rythme lent Il faut que je m’adapte que je renoue entre les silences.

  • Résolution

    Après l’averse secrètement appréciée du plus simple du monde en rester là.

  • Que fait-on lorsqu’on écrit un poème ? On ne décrit pas. On ne défend rien. On ressent. On sent, de nouveau, une émotion du monde. On s’unit à ce monde par un mouvement d’appropriation sensible, où les mots ne s’interposent pas. Ils provoquent ou traduisent, mais ne précèdent pas l’émotion. Dans le poème, le mot…

  • Résolution

    Après l’averse secrètement appréciée du plus simple du monde en rester là.

  • Semis

    Chaque mot aura sa place pour qu’il puisse germer Pour qu’il augmente les chances de l’esquisse d’un monde.

  • Gran Turismo

    Jusqu’à quel bout du monde faudra t-il se rêver Pour retrouver l’espace des terres immergées Dans le déchiffrement de nos phrases premières.

  • Discussion

    Du bruit Il y a trop de bruit Ralentir la conquête tendue vers d’autres mots Et s’occuper de ceux qui nous restent fidèles Ceux qui peuvent nous dire à la seule condition de les laisser parler Ralentir les gestes pour qu’ils ne prennent peur.

  • Torturé

    On ne travaille pas On se demande pourquoi on le fait.

  • Localisé

    Je viens d’un pays où l’eau coule à flots Où la souffrance se tempère.

  • Manuscrit

    Retrouver l’infime bruit entre fibre et métal que seul l’encre relie En revenir au geste.

  • Ça commence par de la mélisse officinale, de la rue et du millepertuis. Puis tanaisie, echinacée pourpre, giroflée pourpre, gaillarde, benoîte, pyretre de Dalmatie, Coréopsis, œillet du poète (Madame…), coquelicot, oeillet mignardise, bourrache (miam), centaure (hue dada), une coquille brisée d’escargot, correopsis, gaillarde, guimauve (verte), un bourdon, lavande, benoîte, ancolie pourpre, ancolie blanche (sœurs ennemies),…

  • La forme

    Chut. Plus un bruit Elle s’approche On la voit bien qui s’approche, puisque tout tout est blanc Même nous Elle ne fait pas de bruit non plus On se respecte On le sait tous les deux Qu’est-ce que ça pourra bien donner ? On ne sait pas. On ne veut surtout pas savoir simplement jouer…

  • Humus

    Enfin sentir l’odeur, celle qui ne monte pas Ce parfum réservé à ceux qui se rapprochent Qui prévient le regard du changement de focale Qui accepte l’essence d’une terre qui s’agite.

  • Sa beauté

    Un cerisier en fleur Avec une branche morte, avec des parasites, avec des entailles de couples trop pressés qui font sa différence. Mon cerisier en fleur.

  • Décalé

    Le train a du retard les passagers s’affolent de ce temps qui s’impose Comme les mains comme le soleil qui caresse la verrière qui caresse notre peau.

  • La poésie. Pour tenter ses mots sur cette force reliante qui, désincarnée, illimitée et intouchable, échappe aux mille définitions qui pourraient la contraindre. Cette force qui se soustrait au langage, plus forte que le verbe. Tout comme la poésie. Qui ne naît pas du mot, mais l’utilise. Pour une approche chantante. Pour tenter de se…

  • L’angoissante impression de se répéter. Que ma poésie en a peut-être finie d’être utile, d’établir le cadastre du paysage où je vis. L’impression de ne plus rien avoir à faire, que tout est calme et apaisé. Que le royaume menacé a trouvé la parade, assurant ses frontières. Qu’il suffit, désormais, d’en assurer les rondes et…

  • Géographie

    Imaginer une terre aussi douce et confiante que nos corps enlacés jusqu’à la pleine lune.

  • La page s’est refermée sur l’ultime chapitre de notre trilogie Il est temps désormais de sortir faire un tour et d’arpenter les routes Voir ce qui a changé, et prendre la décision de reprendre le rythme   Ou bien de bifurquer pour d’autres découvertes au pied de la cascade   De préciser les termes jalonnant…

  • On aime tourner autour de cette magie du poème. Lire, disserter dessus. Ajouter sa propre définition de la poésie, participer à cette cérémonie qui ne s’arrête pas. Cela ne se brouille pas. Cela ne se contredit jamais. Si la poésie tente de dire l’indiscible, sa définition aussi. Un jeu de miroirs, fait de caresses et…

  • Un espace libre existe. Un espace disponible de mots, de phrases, de paragraphes et de chapitres ; de livres, de bibliothèques et de silence. Un silence cerné afin de l’investir et le charger de vide. Un vide qui ne tombe pas, qui porte et qui apaise. Qui encadre l’exercice de relier d’un seul geste et…

  • Ligne

    Un vide qui aurait une histoire et qui compterait sur nous pour remplir le reste.

  • Fonction

    Et si la poésie ça servait juste… à réchauffer la nuit pour mieux engendrer l’aube Comme une sage femme qui ne resterait pas.

  • Tendre la main montrer qu’on n’a pas d’arme Laissez dans l’autre pièce les sombres intentions Allez à la rencontre de l’araignée géante aux mille yeux rougeoyants.

  • La brume qui s’active pour disperser la nuit pour laisser le champ libre Pour que ce soir encore nous traversions le temps.