Combattre tout haut est très brave –
Mais plus courageux encore, je sais
Celui qui charge en son cœur
La Cavalerie du Malheur –
Qui gagne, et les nations ne le voient pas –
Qui tombe – et personne ne le remarque –
Et, ses yeux mourants, qu’aucun Pays
Ne considère avec un amour patriote –
Nous croyons que, dans un cortège de plumes
Pour lui, les Anges avancent –
Rang après rang, d’un pas égal –
En Uniforme de neige.
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To fight aloud, is very brave –
But gallanter, I know
Who charge within the bosom
The Cavalry of Wo –
Who win, and nations do not see –
Who fall – and none observe –
Whose dying eyes, no Country
Regards with patriot love –
We trust, in plumed procession
For such, the Angels go –
Rank after Rank, with even feet –
And Uniforms of snow.
Emily Dickinson
Du côté des mortels, traduit de l’anglais par François Heusbourg,
Unes, 154 p., 21 €, 2023
Le pape François aimait la poésie d’Emily Dickinson (1830-1886). Il l’avait citée dans plusieurs homélies. Lors de la veillée pascale en 2019 : « Nous ne connaissons jamais notre taille tant que nous ne sommes pas appelés à nous lever. » À Noël 2020 : « À partir de cette nuit, comme l’a écrit une poétesse, “la résidence de Dieu est à côté de la mienne. La décoration est l’amour” », et encore à Noël 2021 : « Celui qui n’a pas trouvé le Ciel ici-bas le manquera là-haut. » Un compagnonnage sensible avec cette poétesse américaine ayant écrit toute son œuvre dans le secret de sa chambre, et dont beaucoup de textes abordent la relation de l’homme à Dieu.
Depuis plusieurs années, François Heusbourg publie une traduction nouvelle de cette œuvre au rythme si particulier. Le cinquième volume de cette série, dont ce poème est extrait, porte sur les années 1860-1861, période durant laquelle Dickinson prend véritablement son essor vers une parole qui appelle à vivre conscient d’une présence.
Stéphane Bataillon
(Article intialement paru dans La Croix l’hebdo n°280 du 25 avril 2025.)