(tako katte kogokoro zo uki ame-tsuzuki)
Le cerf-volant acheté
l’enfant au cœur serré –
pluies incessantes
Kuroyanagi Shôha (1727-1771)
*
(nu’u kata wo yusuri te suneru ko atsua kana)
Mon enfant boudeur
m’attrape le bras qui coud
quelle chaleur !
Sugita Hisajo (1890-1946)
*
(ko ni kibako tsukutte yaru me no mate)
Pour un enfant,
je fabrique une boîte en bois
sous ses yeux
Ozaki Hôsai (1885-1926)
*
(inazuma wo toramaetagaru kodomo kana)
Des éclairs…
désireux de les attraper
l’enfant
Kobayashi Issa (1763-1827)
Un bruit de pas d’enfant
Anthologie
Traduite et adaptée du japonais par Saori Nakajima et Dominique Chipot
Ed. Pippa, 92 p., 18 €.
Vacances estivales. Une période propice pour forger des souvenirs. D’enfance et de famille. Observer, sous le soleil, les gestes et les rires, le bonheur d’être ensemble malgré les imprévus d’une nature changeante, de pluies en canicules. Le haïku a cette capacité à saisir, d’un trait, l’image, comme les photographies qui seront témoins de ces instants passés. Mais il apporte quelque chose en plus. Une force d’émotion qui résonne avec nos propres expériences. Dans ce recueil consacré aux haïkus classiques parlant des jeunes années, quelle impression étrange d’avoir vécu, nous aussi, à l’identique, ces scènes d’autrefois. Capture de l’instant présent, le haïku est aussi dépositaire de ce qui fonde notre humanité au-delà du temps. De ce parfum précieux des étés invincibles.
Stéphane Bataillon
La Croix L’Hebdo vous propose de passer cet été en haïkus grâce à l’exploration du riche catalogue des éditions Pippa. Maison d’édition indépendante spécialisée dans cette forme brève, elle fêtera en janvier ses 20 ans avec plus de 200 titres à découvrir : recueils, essais ou anthologies. www.pippa.fr
(Article initialement paru dans La Croix l’hebdo n°295 du 7 août 2025)