UPPLR #117 : On a encore le temps, par Edith Bruck

On a encore le temps
tous les espoirs
ne sont pas perdus
qui a aimé
laisse toujours quelque chose.

Edith Bruck

Pourquoi aurais-je survécu ?, traduction de René de Ceccatty, Rivages Poche, 128 p., 8,50 €

Écoutez ce poème (lecture Stéphane Bataillon) :


Les poèmes d’Edith Bruck, née en Hongrie, rescapée d’Auschwitz, installée en Italie, sont des cris. Où l’on entrevoit aussi parfois l’espoir, tel un timide rai de lumière
que l’on ne perçoit qu’une fois les yeux habitués à l’obscurité. Dans ce recueil inédit de textes écrits depuis 1975, on retrouve les interrogations insolubles qui ont aussi transpercé Primo Levi ou Marceline Loridan-Ivens. Bruck adresse d’ailleurs ces lignes à l’auteur de Si c’est un homme, qui aurait mis fin à ses jours en 1987 : « La normalité désirée/ne nous est plus possible/dans la maison, dans la rue, avec les amis,/
les épouses, les maris, les amants –/une existence a été marquée/qui peut finir aussi au pied de l’escalier/comme la tienne, quand tu as cédé/au clin d’œil du vieux malin/nous appauvrissant nous et tes innombrables lecteurs,/Pourquoi Primo ? »

Loup Besmond de Senneville
(Initialement paru dans La Croix l’Hebdo n°117 du 28/01/22)