(suzushisa ya / kumo ni go wo utsu / hito futari)
Quelle fraîcheur
Sous les nuages
Deux amis jouent au go
Masaoka Shiki (1867-1902)
*
(heta hechima / go no sujimichi ga / kuneri oru)
Quelle courge je suis !
Mes coups au go sont
Si sinueux !
Kawahigashi Hekigotô (1873-1937)
*
(nagaki yo ni / go wo tsuzurioru / natsukashisa)
Longue nuit
Poser chaque pierre avec soin
Que de souvenirs !
Matsuo Bashô (1644-1694)
*
(go no me utsusu / niwa akekitte / chô toberi)
Je lève mon regard du goban
Dans le jardin, le jour s’est levé
Un papillon s’envole
Shikama Shôtôrô (1879-1963)
Joueurs de go
Traduit du japonais et présenté par Motoki Noguchi, Pippa, 120 p., 20 €
Le jeu de go ? Un plateau quadrillé de 19 sur 19 lignes, le goban. 181 pions noirs et 180 blancs identiques, appelés pierres, claquant lorsqu’on les dépose sur lui. Des règles a priori simples mais aux variations subtiles et infinies : entourer puis capturer les pierres de l’adversaire pour disposer du plus grand territoire possible en fin de partie. Venu de Chine, et extrêmement populaire au Japon, le jeu de go est le plus ancien jeu de stratégie combinatoire abstrait, famille à laquelle appartiennent les échecs ou les dames. Ce recueil propose plus de 150 haïkus du XVIIe au XXe siècle, témoignant de l’impact du jeu sur l’imaginaire poétique. Ils sont entourés par les nombreuses explications techniques, culturelles et historiques proposées par le traducteur, Motoki Noguchi, joueur et professeur de go aguerri et six fois champion de France des clubs. Un manuel poétique idéal pour (re)découvrir ce jeu fascinant au fil des vacances.
Stéphane Bataillon
La Croix L’Hebdo vous propose de passer cet été en haïkus, courts poèmes de trois vers venus du Japon, grâce à l’exploration du catalogue des éditions Pippa. Spécialisée dans cette forme brève, elle fêtera en janvier ses 20 ans avec plus de 200 titres à découvrir : recueils, essais ou anthologies. pippa.fr
(Article initialement paru dans La Croix l’hebdo n° 293 du 24 juillet 2025)