Aux quatre vents
le silence a poussé sur les seigles.
Près de la croix en bois
à ton visage, ramiers ardents
nous avons attaché la clarté.
Saurons-nous encore parler
au nom de cette seule lumière
de ce pays à l’enfance
mille fois redécouvert ?
Julie Delaloye
S’il reste une voix
Éd. Cheyne, 128 p., 22 €
« À vos voix, qui restituent le feu ». Dès la dédicace, ce recueil est une main tendue vers l’aventure. Une traversée à la fois spirituelle et imaginaire qui convoque une nature présente à chaque page pour réveiller ce qui subsiste en chacun, même lorsque la solitude et le silence semblent s’imposer à nous. « Plutôt cette prière, dite dans le vent/sur un pas de porte au petit matin// qui creuse une rivière sous la neige/à l’abri du bruit, des couronnements. ». Poète et médecin en milieu hospitalier, Julie Delaloye continue de tisser, avec ce troisième recueil paru chez Cheyne, la geste d’une contrée tout à la fois intime et inconnue. Des échos parfois graves, mais chargée d’une force héroïque rappelant les premiers romans de fantasy du XIXe siècle comme La Source au bout du monde de William Morris. « Enfin la joie est tirée/la fève sous un épi de blé// Ton visage traversé d’or/redonne à notre âme errante/son unique discours ». Un livre pour se laisser porter vers l’ailleurs et les voix « des disparus, des empêchés » qu’il faudra bien rejoindre pour réussir la quête.
Stéphane Bataillon
(Article initialement paru dans La Croix l’Hebdo n°303 du