Critique de « Contre la nuit » dans le cahier livres & idées de La Croix

Dans le cahier Livres & idées du quotidien La Croix du 27 juin, Pascal Ruffenach consacre une très belle chronique à mon recueil « Contre la nuit ».

Chercheur de formes

Poésie. Troisième recueil de poèmes de Stéphane Bataillon, portant « l’idée d’un poème qui changerait l’abord du jour qui commence ».

«Ecrire la routine. Ces jours un peu pareils. Ces moments répétés qui n’auront droit ni à une photo, ni à un poème, ni à se changer en souvenir. » Stéphane Bataillon (1) est un moraliste. Au sens que ce mot possédait au XVIIe siècle : un homme qui cherche éperdument dans le temps qui passe, le sens des choses, leur raison d’exister et trouve la juste formule pour le dire. Les moralistes sont des chercheurs de formes. Percutantes, elliptiques parfois afin de provoquer chez le lecteur un mouvement de l’âme.

Contre la nuit, troisième recueil de Stéphane Bataillon, est traversé des minuscules histoires de nos vies, de celles qui surgissent dans la question d’un enfant ou l’absurdité de certains de nos comportements humains. L’auteur reçoit ces flux de vie avec l’étonnement des premières fois. Sans jugement, à distance parfois. Et il les explore par un langage aux formes multiples et qui utilise de nombreux chemins poétiques.

On peut lire ce recueil d’une traite, comme la description enjouée de notre comédie humaine, proche de l’univers de Jean Tardieu, avec des moments loufoques et d’autres qui plongent dans la métaphysique. Il permet de combattre la déshumanisation de l’être humain, habillé de prothèses digitales et inattentif au monde qui l’entoure. Et parfois le subissant. Mais, « rien à craindre de moi/Je n’entends rien/ne parle pas/Je réalise le rêve/d’une retraite subtile/qui vous concentrerait ». Stéphane Bataillon rêve du lieu où nous nous retrouverions, désaliénés de nos fausses identités, un peu flottant, pas très éloignés du big bang initial, quand tout n’était encore que commencement. Contre la nuit qui recouvre si vite nos vies et les engloutit si nous n’y prenons pas garde… Cette nuit est celle de chacun d’entre nous. Avec une morale provisoire pour le voyage : « Verse la poudre d’or/à l’endroit de tes failles/Elles se patineront/d’un éclat incertain ».

Pascal Ruffenach

(1) Journaliste à La Croix.

 

 

 

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