Un poème pour la route #229 : Nous avons grimpés vite, par Geoffrey Squires

Nous avons grimpé vite
sans un bruit
jusqu’au temple du feu
au sommet de la colline
et sommes restés là
à regarder le soleil se coucher

Je suis heureux de trouver
le monde à ce point indifférent

Route et rivière sinuant
à travers des jardins clos
platanes dans le soir
le paysage solennel, cultivé
comme une peinture chinoise

Je suis heureux de trouver
le monde à ce point absorbé en lui-même
comme quelqu’un s’apprêtant à dormir

Geoffrey Squires
Choix de poèmes, traduit de l’anglais (Irlande) par François Heusbourg
Unes, 128 p., 10,40 €.

Ce Choix de poèmes de l’irlandais Geoffrey Squires, né en 1942, inaugure la toute nouvelle collection de poche des éditions Unes, en compagnie d’un autre volume, consacré au français Jean-Louis Giovanonni. Son principe est de proposer une traversée chronologique dans l’œuvre d’un auteur contemporain, à l’aide d’un choix personnel de textes, dans un format adapté au plus grand nombre. Ancien consultant de l’OCDE, auteur d’une traduction remarquée du Divân persan de Hafez, Geoffrey Squires élabore depuis 1975 une œuvre où le jeu des corps se mêle aux couleurs des paysages pour inventer des formes nouvelles. Des poèmes mêlant le quotidien aux expérimentations du langage, en partant toujours du tangible de nos expériences. Pour trouver des motifs encore plus légers que la voix pour contempler le monde. « C’est plus facile de parler n’est-ce pas/quand on fait quelque chose / à la cuisine par exemple / ou en promenade ou en un long voyage // Comme si les mots / ne pouvaient supporter leur propre poids. »

Stéphane Bataillon
(Article initialement paru dans La Croix l’hebdo n°229 du 19 avril 2024)