UPPLR #191 : Je te dirai quelque chose de difficile à dire, par Mónica Gabriel y Galán

Tu t’es assise sur le sofa comme quelqu’un qui s’assoit sur la mer et tu m’as demandé : « Pourquoi ne fais-tu jamais rimer amour avec fleur et avec destin ? serait-ce que ton cœur ne bat pas ? ».

Je me suis levée du sofa comme quelqu’un qui sort de la mer en regardant les vagues éclater dans la trappe de ta bouche, et puis je t’ai dit la chose la plus difficile à dire avec chaque battement de mon cœur :

« Le soleil tombe comme un filet
sur l’unique banc du parc
où une fleur agonise
victime de l’amour
et du destin accompli. »

Te diré algo difícil
de decir

Te sentaste en el sofá como quien se sienta en el mar y me preguntaste : “¿Por qué ya nunca rimas amor con flor y con destino? ¿acaso tu corazón no late?”.

Me levanté del sofá como quien sale del mar mirando estallar las olas en el cepo de tu boca, y entonces te dije lo más difícil de decir con cada latido de mi corazón :

“El sol cae como una red
en el único banco del parque
donde una flor agoniza
víctima del amor
y del destino cumplido”.

Mónica Gabriel y Galán.
Traduit de l’espagnol par Jean Portante

Mónica Gabriel y Galán est née à Madrid en 1966, entre les pianos et la poésie. Elle est issue d’une lignée de poètes et d’écrivains et a étudié au Conservatoire royal de Madrid. Elle a notamment reçu le Prix national de la nouvelle pour enfants en 1978 et le Prix national de poésie en 2011. Elle a publié la plaquette Vayamos por partes (Procédons par étapes), les recueils de poésie 30 poemas de amor sin una canción desesperada (30 poèmes d’amour sans une chanson désespérée) et Malditas flechas amarillas (Maudites flèches jaunes), tous deux aux éditions Tócala Sam. Elle est également l’autrice de Con los ojos bien cerrados (Avec les yeux bien fermés) chez Huerga y Fierro Editores.

Stéphane Bataillon
(initialement paru dans La Croix l’hebdo n°191)