Ce matin, au réveil
j’étais plus concentré.

 

D’un fils

À Yvon Le Men

J’ai bien cru voir un homme

et son bleu de travail
déposé sur la chaise

une tasse de café froid

il versait une larme
qui inondait sa vie

il pleuvait ce jour-là

quelques gouttes
de joie.

 

Nuit de soie

Pour S.

Discuter jusqu’au jour
du fil de nos vies

Tisser d’une joie douce
une étoffe solide

S’en couvrir de confiance
pour sortir ce matin.

 

Notes sur la poésie #68 (19/05/2019)

Remarque, hier, d’une proche : “Mais ta poésie ne sert à rien, ne fait rien pour aider à résoudre les immenses difficultés du monde, ne s’engage pas, est, finalement, un peu égoïste.” Pause. Doute. Et si tout cela ne faisait qu’ajouter du bruit au bruit ? Une vanité de plus ?

J’espère que non. J’essaye de créer quelque chose, un objet-poème. Un ensemble de matière-mot que je taille et affine, précise, décharge, dans un double but : certes que l’ensemble chante pour moi. Qu’il me procure une très légère et fugace euphorie qui justifiera, quoi qu’il se passe, cette journée de plus. Mais c’est bien pour qu’il puisse, ensuite, et chargé de cette vibration transformatrice, résonner chez l’autre. Lui procurer aussi, par ces mots, quelque chose d’inutile et d’essentiel : une émotion inattendue.

Pour contribuer à intensifier l’énergie du vivant.

Un tweet, d’un ami inconnu, vient, comme toujours par hasard, me rassurer un peu : “Lorsqu’au bureau les heures se font oppressantes, je prends quelques minutes pour lire les derniers poèmes de @sbataillon. Au final, peu importe la tyrannie de l’urgence, puisque “Une rose s’est épanouie / dans la froidure des lunes”

Je ressaisis ma pointe
dès l’aube du jour qui vient

Sans cesse travailler
à la taille des menhirs.